Cuartos de Final
First and Second Leg
Le Real Madrid est particulièrement motivé pour cette Coupe d'Europe, d'abord parce que c'est son tempérament, ensuite parce que l'Union Européenne a fixé le lieu de la finale à Chamartin, dans son fief, afin de fêter le vingt-cinquième anniversaire de l'épreuve. Avec ses six victoires (1956,57,58,59,60,66) et ses deux autres finales perdues (1962, 64), avec toutes les heures de gloire offertes à la collectivité, le Real mérite amplement cet hommage. Le Real 1979-80, toujours digne de l'histoire du club - car aucune équipe à la camiseta blanche ne saurait y déroger - n'a cependant plus les extraordinaires moyens de la belle époque. Quand Kopa - Mateos - Di Stefano - Rial -Gento ou Canario - Del Sol - Di Stefano - Puskas, Gento dynamitaient les défenses adverses par exemple. Le nouvel entraîneur, Vujadin Boskov, est un Yougoslave. Il succède, à distance, car Molowny a assuré l'intérim, à son compatriote Miljanic. Ancien international (58 sélections), ancien coéquipier de Jonquet - Kopa - Vincent dans l'équipe du Continent 1955, il a toujours eu pour devise de « marquer un but de plus que l'adversaire ». « C'est toujours la mienne, précise-t-il. Je n'en veux à personne que nous soyons battus, du moment que l'on a été généreux, que l'on ne s'est pas camouflé. » Boskov a entraîné les Young Boys de Berne, Vojvodina (pendant dix ans), La Haye, Feyenoord et Saragosse avant de prendre en main le Real.
Celui-ci est champion, comme souvent. Il compte en Stielike le meilleur étranger d'Espagne, devant Kempès et beaucoup d'autres ; en José Martinez Sanchez, dit «Pirri», le plus fier et le plus doué de sa vieille génération (35 ans le 11 mars 1980) ; et en Juanito, l'un des meilleurs attaquants européens. Il vient d'engager, en outre, pour la somme colossale de 150 millions de pesetas (900 millions A.F.) l'international anglais Laurie Cunningham, une pelote de caoutchouc montée sur ressorts. Ce transfert s'est conclu de manière originale, et mérite un détour. Au printemps 1979, sans avoir averti les dirigeants de West Bromwich Albion, Cunningham a débarqué au siège du Real pour y proposer ses services, que l'on a aussitôt acceptés. Le Real, après avoir éliminé Levski Spartak Sofia et Porto, se voit offrir le Celtic de Glasgow pour les quarts de finale. Boskov en est assez satisfait, « le football écossais traversant une crise » selon lui. En fait, le football écossais n'a jamais été réellement en crise. Il est surtout victime du pillage systématique de ses vedettes, lequel pillage entraîne une désertion du public aux stades, et d'une formule de championnat un peu aberrante avec ses dix clubs et ses trente-six journées (on se rencontre quatre fois au lieu de deux). Le Celtic, comme le Real, est à la poursuite de son passé à la différence près, et fondamentale, que les moyennes d'assistance sont sans commune mesure de Parkhead à Chamartin. Billy McNeill, l'ancien capitaine des champions d'Europe 1967 (Celtic 2, Inter Milan 1), a succédé à Jock Stein comme manager du club. L'ancienne tour défensive, qui ne lésinait pas sur les moyens, tout en étant un technicien de premier ordre, regrette lui aussi tous ces départs de joueurs écossais en Football League. «Nous perdons chaque année une parcelle de patrimoine, dit-il. C'est dommage car, en 1967, nous ne jouions rien d'autre qu'une sorte de football total, et cela bien avant les Hollandais d'Ajax. Nous avons des ressources, qui servent malheureusement aux autres. »
5 March 1980
Celtic Park,
Glasgow
Referee: Latanzi
Celtic Park,
Glasgow
Referee: Latanzi
Billy McNeill a considérablement rajeuni l'équipe du Celtic depuis un an. Quand le Real arrive, le 5 mars 1980, pour le quart de finale aller, il craint l'inexpérience et l'ingénuité de ses garçons. Il n'a pas tort. Au cours d'une première mi-temps très enlevée, marquée par la domination et les occasions des Écossais, ceux-ci se font manger à la croque-au-sel par les routiers d'en face. Davie Provan donne l'impression d'être figé sur son aile parce que Camacho tient fermement son maillot. Alan Sneddon est houspillé par ses coéquipiers parce qu'il laisse trop de champ, selon eux, à Cunningham. Cela amuse beaucoup l'Anglais qui, fatigué par tant de parlotes, finit par s'adresser au débutant : «T'inquiète donc pas, garçon, ça va bien comme ça ! Continue et tu n'auras pas de problèmes. » - « Ah, ben toi, t'es sympa», lui répond Sneddon qui, d'élève ingénieur, est devenu professionnel de football au début de la saison et met au service du jeu ses formidables qualités athlétiques de coureur de huit cents.
À la mi-temps, McNeill prend ses gamins bille en tête. « Seriez-vous encore des enfants de chœur, par hasard ! Allez-vous longtemps vous laisser faire ? Davie, tu vas me faire le plaisir de t'écarter et de laisser le champ libre à Sneddon quand il monte. Quant à toi, Bobby, gueule un peu : ils t'écouteront. » Bobby, c'est le «vieux» Lennox. Un cas, celui-là : à trente-sept ans sonnés, il offre au masseur la même tonicité musculaire que dix saisons auparavant. «Je pense qu'il tire cette condition physique, non seulement de ses exercices d'entretien, mais également de sa force psychique», explique le «kiné». «Le football est sa vie : il n'envisage pas de faire autre chose. » À trente-trois ans pourtant, Lennox a eu la jambe fracturée par John Greig, l'actuel manager des Glasgow Rangers. « Quand j'ai vu son ombre, j'ai su que c'était grave», raconte-t-il. Mais il s'en est remis et, contre le Real, il porte le numéro neuf, prêt à «claquer» et à gueuler s'il le faut, puisque McNeill le lui a demandé. Rassuré par Cunningham, chargé de mission par McNeill, route dégagée par Provan, Davie Sneddon aurait mauvaise grâce à ne pas sillonner le couloir droit. Les attaques écossaises soufflent en bourrasque. Et la défense du Real, avec Stielike en libero (Pirri, blessé, est indisponible), donne parfois des signes de faiblesse. Après une heure ou presque de sollicitations répétées, elle baisse soudain les bras. À la 54e minute, en effet, sur une passe de Sneddon, Provan canonne de loin sur Garcia Remon, qui relâche le ballon aussitôt repris (victorieusement) par McCluskey. «Il nous faut au moins deux buts d'avance », a décrété McNeill. Alors, le Celtic appuyé, appuyé encore. Coup sur coup, McAdam etMcDonald sont bien près de corser l'addition. C'est à la 65e minute que l'événement survient. Sneddon, encore lui, est monté comme un avion, et il a centré pour la tête de Doyle. 2-0 !
«Merveilleux», titre sur huit colonnes, le Daily Express, édition écossaise. «La nuit magnifique du Celtic», ajoute le Glasgow Herald. « Le Celtic était magique », s'enflamme le Daily Mirror.
À la mi-temps, McNeill prend ses gamins bille en tête. « Seriez-vous encore des enfants de chœur, par hasard ! Allez-vous longtemps vous laisser faire ? Davie, tu vas me faire le plaisir de t'écarter et de laisser le champ libre à Sneddon quand il monte. Quant à toi, Bobby, gueule un peu : ils t'écouteront. » Bobby, c'est le «vieux» Lennox. Un cas, celui-là : à trente-sept ans sonnés, il offre au masseur la même tonicité musculaire que dix saisons auparavant. «Je pense qu'il tire cette condition physique, non seulement de ses exercices d'entretien, mais également de sa force psychique», explique le «kiné». «Le football est sa vie : il n'envisage pas de faire autre chose. » À trente-trois ans pourtant, Lennox a eu la jambe fracturée par John Greig, l'actuel manager des Glasgow Rangers. « Quand j'ai vu son ombre, j'ai su que c'était grave», raconte-t-il. Mais il s'en est remis et, contre le Real, il porte le numéro neuf, prêt à «claquer» et à gueuler s'il le faut, puisque McNeill le lui a demandé. Rassuré par Cunningham, chargé de mission par McNeill, route dégagée par Provan, Davie Sneddon aurait mauvaise grâce à ne pas sillonner le couloir droit. Les attaques écossaises soufflent en bourrasque. Et la défense du Real, avec Stielike en libero (Pirri, blessé, est indisponible), donne parfois des signes de faiblesse. Après une heure ou presque de sollicitations répétées, elle baisse soudain les bras. À la 54e minute, en effet, sur une passe de Sneddon, Provan canonne de loin sur Garcia Remon, qui relâche le ballon aussitôt repris (victorieusement) par McCluskey. «Il nous faut au moins deux buts d'avance », a décrété McNeill. Alors, le Celtic appuyé, appuyé encore. Coup sur coup, McAdam etMcDonald sont bien près de corser l'addition. C'est à la 65e minute que l'événement survient. Sneddon, encore lui, est monté comme un avion, et il a centré pour la tête de Doyle. 2-0 !
«Merveilleux», titre sur huit colonnes, le Daily Express, édition écossaise. «La nuit magnifique du Celtic», ajoute le Glasgow Herald. « Le Celtic était magique », s'enflamme le Daily Mirror.
Celtic Latchford, Sneddon, MacDonald, McAdam, McGrain, Aitken, MacLeod, Provan, McCluskey, Lennox, Doyle Subs: Bonner, Lynch, Davidson, Casey, Burns Goals: McCluskey(52), Doyle (74)
Real Madrid Ramon, Sabido, Steilike, Benito, Camacho, Angel, Del Bosque, Juanito, Hernandez, Santillana, Cunningham Subs: Miguel Angel, Isidro, Rincon, Roberto, MartinezCodec H264, Mkv
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Caps
19 March 1980
Estadio Santiago Bernabeu,
Madrid
Arbitro Palotai
Attendance 110000
Il reste, pour le Celtic, à jouer à Madrid, et ce n'est pas rien. Les prévisions de la presse espagnole, la décision de la télévision de retransmettre le match de Valence plutôt que celui du Real, irritent McNeill : « On croirait que nous sommes déjà éliminés. Tout cela va me servir pour dynamiser mes joueurs », dit-il fermement. Boskov, l'entraîneur du club madrilène, est beaucoup moins optimiste : « Si nous réussissions à obtenir un 2-0 et à jouer la prolongation, ce serait déjà fort bien. Je ne vois guère que cet avantage à exploiter. » Sur le terrain, la prudence de Boskov s'exprime en images. Avec Pirri remis sur pied, Stielike en milieu de terrain et une attaque Jua-nito-Santillana-Cunningham, le Real montre plus de nervosité et de violence que d'intelligence tactique, permettant au Celtic de manœuvrer avec sang-froid et même de tirer sèchement au but en deux occasions. Pirri et les siens retrouvent cependant leur sérénité, commençant à se créer des occasions, à user nerveusement la défense écossaise.
Quelques secondes avant la mi-temps, après une série de coups francs et de corners, un nouveau coup de pied de coin expédié par Cunningham provoque un cafouillage devant la cage de Latchford, cafouillage que Santillana exploite prestement, la vivacité n'étant pas la moindre de ses qualités. Ce but vient à point pour rendre au Real une partie de son équilibre moral et l'autoriser à quelque espoir. Dix minutes après la reprise, Cunningham se livre à une diablerie sur son aile gauche. Il ne dit rien à Sneddon, ce soir-là, et lui fait bien des misères. Il centre donc sur la tête de Juanito lequel, à dix mètres du but écossais, prolonge sur Stielike. Le «panzer» allemand, comme l'appellent les Espagnols, reprend le ballon au point de penalty et bat une deuxième fois Latchford. La clameur énorme qui monte alors du stade Bernabeu montre bien quelle frayeur habitait les Espagnols depuis quinze jours. Étrangement, les Écossais paraissent décontractés par ce second but. Leur capital anéanti, ils se mettent à confectionner un jeu précis et pénétrant, Lennox étant même à deux doigts de battre Garcia Remon (62e). Dix minutes avant la fin, il faut un réflexe fantastique du gardien espagnol pour que les efforts du Real ne soient pas réduits à néant, Pirri ayant failli lober son portier sur une passe en retrait.
On glisse tranquillement vers la prolongation quand Angel, l'un des trois demis du Real, déborde à droite et ajuste un centre pour la tête de Juanito. 3-0.
«Jamais, au cours de ma carrière, je n'avais connu une ambiance aussi exceptionnelle, s'extasie Cunningham. J'étais sûr que nous allions faire un grand match. » Billy McNeill s'est dirigé vers l'arbitre hongrois, M. Palotai : « Désolé, Sir, mais le premier but que vous avez accordé au Real était totalement irrégulier. »
Quelques secondes avant la mi-temps, après une série de coups francs et de corners, un nouveau coup de pied de coin expédié par Cunningham provoque un cafouillage devant la cage de Latchford, cafouillage que Santillana exploite prestement, la vivacité n'étant pas la moindre de ses qualités. Ce but vient à point pour rendre au Real une partie de son équilibre moral et l'autoriser à quelque espoir. Dix minutes après la reprise, Cunningham se livre à une diablerie sur son aile gauche. Il ne dit rien à Sneddon, ce soir-là, et lui fait bien des misères. Il centre donc sur la tête de Juanito lequel, à dix mètres du but écossais, prolonge sur Stielike. Le «panzer» allemand, comme l'appellent les Espagnols, reprend le ballon au point de penalty et bat une deuxième fois Latchford. La clameur énorme qui monte alors du stade Bernabeu montre bien quelle frayeur habitait les Espagnols depuis quinze jours. Étrangement, les Écossais paraissent décontractés par ce second but. Leur capital anéanti, ils se mettent à confectionner un jeu précis et pénétrant, Lennox étant même à deux doigts de battre Garcia Remon (62e). Dix minutes avant la fin, il faut un réflexe fantastique du gardien espagnol pour que les efforts du Real ne soient pas réduits à néant, Pirri ayant failli lober son portier sur une passe en retrait.
On glisse tranquillement vers la prolongation quand Angel, l'un des trois demis du Real, déborde à droite et ajuste un centre pour la tête de Juanito. 3-0.
«Jamais, au cours de ma carrière, je n'avais connu une ambiance aussi exceptionnelle, s'extasie Cunningham. J'étais sûr que nous allions faire un grand match. » Billy McNeill s'est dirigé vers l'arbitre hongrois, M. Palotai : « Désolé, Sir, mais le premier but que vous avez accordé au Real était totalement irrégulier. »
Real; García Remón; Sabido (Isidro 41´), Benito, Pirri, Camacho, Del Bosque,
Stielike (García Hernández 90´), Angel, Juanito, Santillana, Cunningham,.
Celtic, 0; Latchford; Scheddon, Mc Donald, Mc Adan, Mc Grain, Provan,
Aitken, Mc Leod, Lennox, Mc Cluskey (Burns 60´), Doyle.
Goles: 1-0 Santillana 45´, 2-0 Stielike
56´, 3-0 Juanito 86´.
Chaptered Goals and ends
Sound 160kps
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Formatted 16/9
465+450mo Complete
1st Half
2nd Half
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