Monday, March 5, 2012

Friendly 1979 USA France

2 May 1979
East Rutherford 
Giants Stadium 
New York

 Le football des États-Unis, bien qu'il ait connu son premier match international en 1885 (0-1 contre le Canada) en est à ses premiers balbutiements. Certes, un jour de Coupe du monde 1950, il a battu la glorieuse Angleterre par un but à zéro, mais cette facétie appartient au mystère de la création du monde. On l'évoque surtout, au Royaume-Uni, quand on veut s'offrir une pinte de bon sang. Ou bien on parodie le poète : « J'ai voulu n'être trompé que par moi-même ». D'ailleurs, cette équipe des États-Unis 1950 comptait plus d'Italiens, d'Irlandais, de Belges et d'Haïtiens que de vrais Yankees. Voyez vous-même : Borghi -Keough, Maca - Mcllvenny, Colombo, Bahr  Wallace, Pariani, Gaetjens, J. Souza, E. Souza.

Trente ans plus tard, le phénomène du soccer américain a pris de l'ampleur. Il a attiré en son sein le gratin du football mondial : le roi Pelé bien sûr, puis Beckenbauer, Cruyff, Gerd Muller, George Best. À temps complet. D'autres viennent de la vieille Europe, durant l'été, pour mettre de la crème sur leur gâteau : Alan Bail, Trevor Francis par exemple. Et l'on voit parfois 70.000 spectateurs dans un stade, comme au Cosmos, alors que le sport numéro un des States reste le « football américain », celui que l'on joue casqué, etavec un ballon ovale. Le fossé est cependant énorme entre ce soccer professionnel dont certaines équipes présentent huit joueurs étrangers sur onze, et l'équipe nationale américaine, émanation d'une fédération amateur pauvre comme Job et contrainte d'appeler sous son maillot de jeunes étudiants sans grande expérience Di Bernardo (5e, sur un centre de Villa) de donner deux grosses frayeurs à Dropsy. Ensuite, c'est la fête de Bernard Lacombe exploitant à la perfection et sans faiblesse le remarquable jeu collectif de l'équipe de France sur une telle surface. À la 8e minute, le numéro 9 tricolore exploite à bout portant un centre d'Amisse dont Don Droge a raté le contrôle ; à la 14e, il reprend un ballon contré par Myernick sur un tir de Petit; à la 37e, à la suite d'une action Jan-vion-Platini et d'un centre de celui-ci dévié par Mausser, il marque encore ; et à la 42e, sur un centre de Rouyer, il dévie la balle si promptement que Don Droge (ah ! celui-là) la prolonge dans ses propres filets. Trois buts et demi pour un homme dont on disait qu'il n'était pas au mieux de sa condition, ce n'est pas banal.

 L'équipe de France, menant 4-0 à la mi-temps, peut enfin profiter de l'environnement et baigner dans l'ambiance la plus insolite qu'elle ait jamais connue. Deux immenses panneaux électroniques, derrière chaque cage, participent au spectacle en donnant les informations classiques bien sûr, mais aussi en redonnant instantanément les images des buts et des actions dangereuses, et surtout en ponctuant le jeu de formules-choc comme « attack... charge... goal... hat-trick... ». tandis qu'un commentateur égrène les noms des joueurs et que retentit parfois, au clairon, la charge de la brigade légère. Domenechjamais en retard d'un bon mot, dira plus tard : « Je cherchais continuellement mon cheval ». À aucun moment de ce match, l'équipe de France ne relâche sa concentration et son étreinte. Jean Petit, comme il le fait sur les terrains gazonnés, parcourt l'Astro-turf en tous sens. Amisse, sur son aile gauche, sollicite et réussit des une-deux à vitesse électronique. Jouve offre une extraordinaire reprise de volée sur la barre transversale au public américain, exploit que le panneau électronique redonne quatre fois, pour le plaisir des yeux. Et deux nouveaux buts - Amisse, 61e minute ; Six, 73e, « toujours enclin à mettre àjour son côté artiste -apportent à l'équipe de France un large succès (6-0) dont on n'a pas vu l'équivalent depuis dix-neuf ans (6-0 sur le Chili au Parc, avec quatre buts de Jean Vincent).  

 Là-haut, confortablement installés au sein d'une tribune somptueuse, les journalistes reçoivent le résumé chiffré de ce match à l'américaine : « 20 591 spectateurs. Temps clair. Température 17 degrés centigrades. Vent du sud-est à une vitesse de 12 miles par heure. Humidité 46 degrés. Marqueur officiel : Gerry Deatty au tableau électronique. Buts : Lacombe, 13'17" sur passe de Petit ; Lacombe, 36'49" sur passes de Janvion et Platini; Don Droge, 42'7" contre son camp ; Amisse, 60'26" sur passes de Petit et Platini; Six, 72'6", tout seul. », etc.
L'Équipe de France ne repart pas les mains vides et les pieds en sang, comme les détracteurs du voyage américain le lui promettaient avec perfidie. Elle a sa conscience pour elle, et l'Amérique vient de tomber amoureuse de ses bonnes manières, première étape d'une collaboration qu'on espère longue et fructueuse.Ce qui encourage France-Football à écrire : « Ce 6-0 de New York, paradoxalement, a fait autant pour la réputation et le prestige de la « bande à Hidalgo » que la récente Coupe du monde. Battre les États-Unis, en 1979, ça n'est rien. Mais les surclasser ainsi, chez eux, après un long voyage aérien, démontre un sérieux, un effort d'adaptation, une confiance en soi hautement méritoires. C'est un football français adulte que les experts américains ont admirés, un football français qui ne doit rien à personne et qui, chaque jour davantage, a l'air de prendre en main son propre destin. « Ainsi la saison internationale qui s'achève ne se ramène-t-elle pas à notre élimination (probable) du Championnat d'Europe. Elle a eu également un aspect positif, même dans les moments les plus sombres. Et ce match du Giants Stadium est venu à point pour montrer une équipe de France fraîche et ambitieuse, comme une figure de proue. »
Pourrait-on mieux dire?


Dropsy(Rey)-Janvion,Domenech,Tresor,
Bossis(Battiston)-Petit,Jouve(Larios),Platini-
Rouyer(Six),Lacombe(Berdoll),Amisse

Lacombe (8e, 14e, 37e), Droege (csc 42e), Amisse (61e), Six (73e)

1 ere Mi-temps :



2 eme Mi-temps :


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 Caps






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